Article scientifique

Radicalisation : Réplique politico-religieuse ou symptôme identitaire ?

Publié le 24/03/2025 par Vigie de la Laïcité
Avec Daniel Verba

Publié le 24/03/2025
Par Vigie de la Laïcité
Avec Daniel Verba

« C’est le destin de chaque race de se croire élue par Dieu. Mais c’est le destin de quelques races seulement d’être assez stupides pour essayer de le mettre en pratique. » Philip Kerr (Hôtel Adlon, 2009)

 

Un concept mal défini

 

La notion de radicalisation qui relève plus des catégories de l’action publique que du vocabulaire des sciences sociales, fait l’objet de nombreux débats et est encore considérée comme « un concept mal défini, complexe et controversé » (Rik Coolsaet, 2011). D’une part, ni les chercheurs ni les politiques ne s’entendent sur la pertinence de cette expression et d’autre part les usages qui en sont faits dans les media et les représentations sociales, sont multiples au point que « radicalisation » relève plus d’une de ces expressions valises que d’un concept stabilisé par une définition consensuelle. Si la radicalisation désigne ce processus qui mène à la radicalité, celle-ci peut prendre des colorations très diverses : radicalité idéologique pour les groupes d’extrême gauche des années 70 qui combattent le capitalisme, radicalité écologique pour les « Soulèvements de la terre »1Les Soulèvements de la terre sont un collectif de lutte pour l’écologie. ou les « gilets jaunes »2Mouvement social spontané et composite à la fin de l’année 2018 qui en France a été marqué par des violences urbaines., radicalité anarchique pour les mouvements libertaires hostiles à toute forme d’autorité, radicalité laïciste pour ceux qui voudraient neutraliser l’espace public, etc. En bref, est radical, selon Isabelle Sommier, l’engagement qui, « à partir d’une posture de rupture vis-à-vis de la société d’appartenance, accepte au moins en théorie le recours à des formes non conventionnelles d’action politique éventuellement illégales, voire violentes »3Sommier, I. (2012), « Engagement radical, désengagement et déradicalisation. Continuum et lignes de fracture », Lien social et Politiques, 68, 15-35.. L’enquête menée par Xavier Crettiez et Bilel Ainine sur des terroristes emprisonnés montrent par exemple des ressemblances avec les schémas de pensée mobilisés par les nationalistes basques ou corses et une capacité argumentative qui tranche avec l’approche parfois dépréciative que l’on peut avoir de leur compétences intellectuelles4Olivier Roy parle de « Pieds nickelés » !.

Malgré les rapprochements que l’on peut essayer de construire avec d’autres formes de radicalité, une définition popularisée5En fait la définition provient d’un article de Randy Borum, “Radicalization into violent extremism II: a review of conceptual”, Journal of Strategic Security 4, n°. 4, 2011. par Farhad Khorsrokavar semble répondre, au moins en partie, aux besoins de description : pour celui-ci, la radicalisation désigne le processus par lequel « un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel ». Il faut retenir de cette approche le passage à l’acte violent qui marque bien le point de rupture entre des convictions prescriptives ou prosélytes et la volonté de les imposer par la terreur. On peut donc faire l’hypothèse qu’il y a bien des degrés de radicalité dont il conviendrait d’établir une échelle afin de distinguer ce qui relève d’une démarche politique légitime – celle des résistants de la seconde guerre mondiale par exemple qui luttent contre une invasion – et ce qui vise à établir un régime de terreur au nom d’une idéologie comme les totalitarismes. Il convient en effet de ne pas assimiler trop vite une terreur exercée au nom d’un idéal religieux phantasmatique avec les mouvements de résistance qui visent à combattre un prédateur ou à s’émanciper d’une domination brutale. C’est aussi tout le débat qui agite la scène politico-médiatique, mais aussi le monde académique, pour qualifier le massacre du 7 octobre perpétué par le Hamas : s’agit-il d’un acte terroriste ou d’un fait de résistance en réponse à l’occupation israélienne ?

 

La recherche à l’épreuve : radicalisation de l’islam ou islamisation de la radicalisation ?

 

Si les usages du terme « radicalisation » font débat, nous commençons seulement à avoir un peu de recul et d’informations empiriques sur les parcours de radicalisation grâce à quelques enquêtes qualitatives qui portent sur de petits échantillons (Kepel G., 2012 ; Khorsrokavar F., 2014 ; Roy O., 2016 ; Benslama F., 2016 ; Crettiez N., Ainine B., 2017 ; Bouzar D., Hefez S., 2017, Nathan T., 2017, Bonelli L.-Carrié F., 2018, Puaud D., 2018 ; Micheron H., 2020, El Karaoui H., 2022, Settoul E., 2023…). Ces enquêtes ont aussi le mérite de mettre en scène les controverses qui agitent la scène politico-médiatique comme le monde académique. La recherche sur les processus de radicalisation ressemble en effet à un champ de bataille6Pour un décryptage plus fin de ce champ de bataille, on pourra lire avec profit l’article de Leyla Dakhli, « L’islamologie est un sport de combat, de Gilles Kepel à Olivier Roy, l’univers impitoyable des experts de l’islam » paru à la Découverte, Revue du Crieur, 2016/1 N° 3. dont l’épicentre pourrait être l’antagonisme entre Olivier Roy, défenseur de l’islamisation de la radicalisation qui minorise sa dimension religieuse, et Gilles Kepel qui au contraire dénonce le salafisme comme responsable d’un « djihadisme d’atmosphère », source des passages à l’acte heureusement minoritaires, mais dramatiques dans leurs conséquences sur la cohésion sociale. A la périphérie de cette controverse structurant le débat public, François Burgat aborde l’islamisme radical comme une réponse des opprimés face à des politiques coloniales, puis postcoloniales, qui, avec l’aide des régimes arabes autoritaires, ont écrasé les peuples. Les populations françaises issues des pays arabo-musulmans et notamment les jeunes générations se réapproprieraient ces motifs de lutte en s’engageant dans un islam radical. Il propose donc, comme Olivier Roy, de ne pas accentuer le registre religieux de ces mouvements et de se concentrer sur le ressentiment politique comme principal moteur de la radicalisation.

A l’examen de ces travaux et de ces controverses, on peut voir combien les sciences sociales peinent à se déprendre de postures irréconciliables qui peuvent malheureusement se résumer en un slogan peu propice au développement d’une science sereine : « Pour ou contre les musulmans ! »7On pense là au titre d’un ouvrage d’Edwy Plenel, fondateur du journal Médiapart : Pour les musulmans, La Découverte, 2016.. Posées ainsi, il n’est pas certain que les questions complexes auxquelles nous sommes confrontées puissent être aisément appréhendées…

 

Y-a-t-il une figure-type de la personne radicalisée ?

 

La plupart des chercheurs qui travaillent sur les processus de radicalisation rejettent l’idée d’un profilage qui permettrait d’établir une sorte de portrait-robot du candidat ou de la candidate à l’engagement radical. Si nous respectons la prudence de cette position qui cherche à éviter tout déterminisme et par conséquent toute stigmatisation, nous pensons en revanche qu’il est possible, sur la base de récurrences significatives, d’établir une sorte de typologie des parcours de « radicalisation ». Farhad Khosrokhavar8Khosrokhavar F., Radicalisations, Maison des Sciences de l’homme, 2014., par exemple distingue plusieurs générations d’islamistes radicaux nés et éduqués en France. Une première génération incarnée par Khaled Kelkal9Impliqué dans plusieurs attentats qui ont fait 8 morts et de nombreux blessés. qui émerge dans les années 90 à la suite des attentats liés au coup d’Etat militaire de 1992 en Algérie. Il s’agit encore d’un mouvement très marginal lié notamment à la reconversion d’anciens miliciens musulmans ayant combattu en Bosnie et dont l’activisme reste proche de la grande délinquance. La seconde génération présente un profil mieux connu de « jeunes de banlieue populaire » passés par les foyers de l’enfance, l’aide sociale puis la petite délinquance et enfin la prison. Issus de familles musulmanes non pratiquantes, ils se sont d’une certaine manière reconvertis à un islam radical (« born again ») sous l’influence de groupes de pairs ou d’un leader charismatique rencontré en prison. Ils y ont développé un fort sentiment d’injustice lié à la disqualification sociale dont ils ont fait l’objet à l’école et dans les entreprises. Mohamed Merah10Assassin de 7 personnes à Toulouse et Montauban dont trois militaires et quatre juifs., Amedy Coulibaly11Assassin de 6 personnes, une policière et 5 juifs. ou encore les frères Kouachi12Assassins de 12 personnes dans les locaux du journal satirique Charlie-Hebdo appartiennent à cette mouvance générationnelle minée par le nihilisme de la victime impuissante à se doter d’outils légitimes pour se défendre.

« L’autre vivier de recrutement pour le djihadisme, écrit Khosrokhavar, sont des jeunes de la classe moyenne en quête de sens »13« Qui sont les jihadistes français ? » Sciences humaines, Mars 2015, n°268. dont le modèle pourrait être Maxime Hauchard14Djihadiste normand qui a participé aux exécutions de Daech. ou les jeunes radicalisés, filles et garçons, qu’évoque Dounia Bouzar dans ses ouvrages15Comment sortir de l’emprise « djihadiste » ? Les éditions de l’atelier, 2015. et pour lesquels, elle et son équipe, ont tenté de mettre au point une méthode de désengagement. Cette troisième génération apparue notamment à l’occasion de la guerre en Syrie, est constituée, le plus souvent, d’adolescent(e)s immatures à la recherche d’une orthopraxie qui propose un cadre de vie, des normes morales et sociales que les valeurs républicaines et leurs familles n’ont pas été en mesure de leur offrir, et enfin d’une mission révolutionnaire que la guerre sainte incarne à leurs yeux. « Les normes islamistes, poursuit le sociologue, leur proposent cette vision en noir et blanc où l’interdit se décline avec le maximum de clarté »16Idem, p.12.

D’autres travaux comme ceux de Laurent Bonelli et Fabien Carrié suggèrent une typologie fondée sur les motivations de mineurs radicalisés relevant de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)17Bonelli L. et Carrié F., Radicalité engagée, radicalités révoltées, Enquête sur les jeunes suivis par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), Université de Paris Nanterre, Institut des sciences sociales du politique, Janvier 2018 (disponible sur le site du Ministère de la Justice). et montrent bien que s’il n’existe ni un seul profil, ni bien entendu une seule cause de radicalisation, on peut cependant constater une combinaison de facteurs, sociaux, psychologiques et culturels qui vont, dans un contexte géopolitique favorable, produire la radicalité d’action ou de comportement. Ils préfèrent donc plutôt parler de « carrières » que de figures de radicalisés.

Enfin les travaux plus récents d’Elyamine Settoul18Settoul E. (2023), Penser la radicalisation djihadiste. Acteurs, théories, mutations, PUF. marquent une certaine distance avec le concept de radicalisation auquel il propose de substituer celui d’engagement. Sans écarter totalement la dimension religieuse, mais sans en faire la composante majeure de sa matrice explicative, le politiste du CNAM propose, pour expliquer le processus de radicalisation, de combiner trois facteurs : l’environnement social et politique et le niveau de vulnérabilité, le réseau de sociabilité dans lequel la personne engagée s’inscrit (famille, amis, réseaux sociaux…) et enfin son état psychopathologique. Cinq variables en forme de pentagone viennent préciser les trois composantes : la dévotion religieuse, l’émotion, le militantisme, la manipulation et la pulsion criminelle. Chacune de ces variables est présente dans les processus de radicalisation, mais à des degrés divers selon les individus, les milieux et les trajectoires. Elyamine Settoul conclut son ouvrage en prédisant que la fin de l’Etat islamique et la prévention plus efficace des attentats sur le sol français, ne signifient pas la fin de la menace terroriste. Selon Mohamed Chirani, médiateur du fait religieux et politique auprès de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), les mineurs qu’il rencontre actuellement dans le cadre de ses interventions, diffèrent radicalement des 300 détenus terroristes qu’il a évalués au sein de l’administration pénitentiaire entre 2016 et 2021. Chirani parle « d’une nouvelle génération, qu’il qualifie de « djihadistes TikTok ». Leur radicalisation ne suit plus les mêmes schémas qu’auparavant. Désormais, ils s’auto-radicalisent en ligne, aspirés par des algorithmes qui les enferment dans une bulle idéologique, les exposant à un discours de plus en plus extrême. Ils évoluent dans des écosystèmes numériques où la rupture avec la société devient une norme, où l’idéologie salafiste djihadiste Daech est distillée sous forme de contenus courts et percutants, façonnant leur vision du monde en quelques clics »19Témoignage recueilli sur Linkedin le 13 mars 2025..

 

Les trois composantes de la radicalité islamiste chez les jeunes

 

Pour rendre compte des comportements des jeunes radicalisées, nous proposons de ne privilégier  ni leur situation socio-économique, ni leur religion, ni leur culture ni même leur état psychologique. D’une part pour éviter tout déterminisme qui ramènerait mécaniquement la radicalité religieuse à une seule cause majeure et d’autre part pour ménager la possibilité d’examiner les terroristes sous plusieurs angles sans préjuger d’une dominante ou d’une mineure. Aborder les processus d’engagement dans la radicalité islamique, suppose en fait de pouvoir articuler toutes leurs composantes. « L’enrôlement dans des organisations ou des réseaux qui prônent la violence politique, écrit Horgan, résulte d’une multiplicité de facteurs bien connus de la sociologie, qui se situent au croisement des dispositions acquises au cours de la vie par un individu (milieu familial, conditions économiques, expérience de la discrimination, de la violence, etc.) et des conditions spécifiques d’une configuration sociale et politique particulière (ce que la sociologie des mobilisations appelle la « structure d’opportunité » (Horgan, 2008 : 80). En d’autres termes, pour essayer de saisir un objet aussi fuyant que la radicalité, il faut à la fois appréhender les récurrences de contexte et les singularités de parcours. Ces récurrences peuvent en effet être de nature socio-économique et s’exprimer à travers des processus de discriminations itératifs ou des phénomènes de désaffiliation qui produisent un sentiment mortifère de disqualification ; mais il n’est pas exclu que la socialisation familiale ou celle qui se déploie au sein du groupe des pairs, puissent aussi contribuer à créer un terreau d’exécration sociale et raciale chez des adolescents fragilisés par l’échec et le ressentiment20Lire à ce propos la tribune que j’ai publiée dans le Monde du 18 décembre 2018 : « Terrorisme : le profil de Cherif Chekatt est dominant depuis longtemps » et la réponse de Hugo Micheron, Bernard Rougier Gilles Kepel dans Libération du 21 décembre 2018.. Enfin, on ne peut faire l’impasse sur les effets délétères de l’exposition des enfants et des adolescents aux réseaux sociaux qui ont des conséquences à la fois sur leurs dispositions cognitives et leur socialisation.

Plutôt que de parler de culture religieuse, j’évoquerais donc la condition partagée de tous ceux qui cohabitent dans les cités populaires et développent des façons d’être et de penser spécifiques, susceptibles de se cristalliser sous la forme de ce que d’autres auteurs appellent l’absolutisme ou la radicalité21Voir notamment l’enquête controversée d’Olivier Galland et Anne Muxel, La tentation radicale, Paris, PUF, 2018. Cette enquête présente l’originalité et le biais méthodologique d’avoir volontairement surreprésenté les jeunes habitant en zone urbaine sensible (ZUS) et de confession musulmane (25 % alors qu’ils ne sont que 6 à 7 % dans la population globale). Les auteurs y montrent notamment que les jeunes musulmans de l’échantillon sont trois fois plus nombreux que les autres à défendre une vision absolutiste de leur religion.. Comme l’expliquait en d’autres temps et pour d’autres causes, le psychiatre Claude Olievenstein, la radicalité comme la toxicomanie « c’est la rencontre d’un produit, d’une personnalité et d’un moment socio-culturel » (Olievenstein, 1983 : 265). Le produit étant « l’islam » radical, la personnalité, celle de ces jeunes aux parcours chaotiques et le contexte celui d’une société en risque de se fracturer en autant d’identités meurtrières que d’appartenances.

Trois composantes permettent de déconstruire le processus radical. La première, massive celle-là est l’adolescence. Serge Hefez parle d’ailleurs du djihadisme comme d’une « radicalisation adolescente »22« Le djihadisme une radicalisation adolescente », Le Monde, 14 décembre 2015.. Sur les quelques 20 000 individus qui se sont radicalisés en France23Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, 2018., 75% ont moins de 25 ans et sont parfois encore des mineur(e)s. L’adolescence est une période radicale en soi, qui donne lieu à des affrontements parfois rudes avec les générations précédentes, et un moment de disponibilité pour les « grandes causes ». Il n’est donc pas si surprenant de constater une surreprésentation de personnes jeunes dans les groupes radicaux. « Au sein des khmers rouges, rappelait Jacques André lors d’un entretien au journal Libération, il y avait beaucoup d’adolescents. Entre 15 et 18 ans, quand on a un fusil, on tire (…). Il y a une violence de l’adolescence qui court-circuite la pensée, il y a des courts circuits entre « je désire », « je veux », « j’agis ». Le tout nourri d’une pensée magique parce que s’ils n’avaient pas la conviction délirante qu’il y a une vie après la mort, je ne pense pas que ce serait jouable. Il y a une toute puissance de la pensée qui est le propre de la pensée religieuse, mais qui prend là une forme maximum. Ils ne font pas ça pour mourir, ils ont quelque part la conviction qu’ils ne meurent pas, ils font ça pour la gloire, pour l’héroïsme, pour vivre »24« Dieu c’est un autre nom pour le surmoi », entretien avec Jacques André, Libération, 13 janvier 2015..

La seconde composante est socio-économique. Dans son livre La force de l’ordre, Didier Fassin égrène la longue liste de jeunes hommes morts à l’occasion d’interactions avec la police et qui furent victimes des « bavures » policières entre 1991 et 2009 (Fassin, 2011 : 269). Dans la même veine, Pierre Beckouche observe que : « la presque totalité des assassins de 2015 sont issus des quartiers de la politique de la ville. Mohamed Merah venait des Izards, Amedy Coulibaly de la Grande Borne, Ismaël Omar Mostefaï du quartier du Canal, Foued Mohamed-Aggad du quartier HLM de Wissembourg tout comme la demi-douzaine de ses amis qui étaient partis en Syrie avec lui. Hasna Aït Boulahcen habitait tantôt chez sa mère, à la Cité des 3 000 – dans la ZUS de la Rose-des-Vents d’Aulnay-sous-Bois – tantôt chez son père, à la cité Maroc de Creutzwald (…) Mehdi Nemmouche vient du quartier des Trois-Ponts – une des ZUS de Roubaix. Fabien Clain a vécu plusieurs années dans le quartier du Mirail de Toulouse. Et, quand le meurtrier de Villejuif, Sid Ahmed Ghlam, arrive d’Algérie, il s’installe dans le quartier du Vert-Bois à Saint-Dizier (Haute-Marne)…»25Beckouche P., « Une géographie sociale accablante », Libération, 28 décembre 2015.. Plus récemment, on peut y ajouter Radouane Lakdim de la cité Ozanam de Carcassone, Khamzat Azimov qui a grandi dans le quartier d’Elsau à Strasbourg ainsi que Cherif Chekatt lui aussi né en Alsace. L’enquête de l’Institut Montaigne dirigée par Hakim El Karaoui, montre aussi l’emprise du territoire : 50% des 700 parcours étudiés s’inscrivent dans seulement 12 villes différentes26Il y a en France 39 435 communes. et 86% des personnes concernés ont résidé dans des quartiers populaires ou des villes en déclin27El Karoui H. et Benjamin Hodaye B. (2021), Les Militants du djihad. Portrait d’une génération, Fayard.. Farhad Khosrokhavar précise qu’on observe le même phénomène en Grande Bretagne avec les descendants de migrants pakistanais ou bengali ainsi qu’en Belgique avec ceux venant du Maroc. Il suffit donc de se pencher sur la cartographie résidentielle des jeunes terroristes pour constater qu’ils viennent en majorité de quartiers où la sociabilité adolescente et les carrières partagées d’apprentis délinquants, favorisent des projets à forte rentabilité symbolique. La requalification politico-religieuse qu’autorise la violence commise au nom de Dieu permet en effet de se soustraire au statut de « jeunes de banlieue » qui cumule tous les stéréotypes négatifs et rend possible une forme de rédemption qui est même censé profiter à l’entourage familial du « martyr »28Le « martyr » est supposé racheter tous les péchés de la famille et lui ouvrir l’accès au paradis.. Cette énumération significative fait en effet dramatiquement écho à la liste des noms égrenés par Didier Fassin. Il n’échappera en effet à personne que la plupart des personnes radicalisées portent, tout comme ceux qui sont victimes de violences policières, des patronymes maghrébins ou sub-sahariens ; en bref des populations « racisées » que l’on désigne en Suède sous le terme de « non-ethniquement suédois », en Allemagne, de « Passdeutschen » ou en Angleterre, de « Pakis ». L’anthropologue David Puaud, parle d’ailleurs d’une « radicalisation d’exclusion », majoritaire, selon lui, au sein des 48 situations qu’il a étudiées dans 12 villes de France où « le phénomène de radicalisation islamique apparaît minoritaire » (Puaud, 2018). Il observe en particulier des similitudes dans les parcours de vie des principaux acteurs des meurtres de Toulouse en 2012, des attentats de Charlie-Hebdo ou encore du musée juif de Bruxelles. Tous ont connu les interventions des travailleurs sociaux et de la justice des mineurs. Leurs environnements familiaux ont été jugés défaillants et ils ont donc fait l’objet d’un placement en foyer ou en famille d’accueil. Leur scolarité s’est révélée chaotique et ils ont tous commis des actes de délinquance très jeunes avant d’être incarcérés (Puaud, 2016, 243). Les contours de ces profils semblent très éloignés de ceux de dangereux idéologues au service d’une grande cause révolutionnaire visant à déstabiliser le monde occidental ou à fomenter un complot international comme semblent le penser Gilles Kepel, Bernard Rougier ou encore plus récemment Florence Bergeaud-Blacker 29Rougier B (dir.), Les territoires conquis de l’Islamisme, PUF, 2020 et Bergeaud-Blacker F. (2023), Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023. qui décrivent des banlieues françaises gangrénées par le salafisme ou les frères musulmans. Si l’observateur attentif de ces quartiers populaires ne peut que constater une islamisation30Islamisation renvoie ici à l’idée d’un « mode de vie halal ostensible » (Rachid Benzine) qui passe par le port du voile, des usages alimentaires, et un attachement à l’Islam comme culture. d’une fraction des populations qui y vivent, peut-on pour autant en déduire une radicalité politique au risque de percevoir derrière le moindre voile, derrière le moindre commerce de viande halal, les façades des mosquées ou encore les écoles privées musulmanes31L’Etat vient de rompre son contrat avec deux écoles privées musulmanes considérées jusque-là comme des modèles répubicains…, une menace islamiste ? Si radicalité il peut y avoir en effet, lorsque de jeunes français basculent dans la violence, il s’agit plutôt, selon les termes d’Alain Bertho d’une « islamisation de la colère, du désarroi et du désespoir des enfants perdus d’une époque terrible qui trouvent dans le djihad un sens et des armes pour leur rage » (Bertho, 2016 : 13).

Enfin, corrélée à la jeunesse et à la vulnérabilité sociale et économique, le processus radical ne peut véritablement se déployer sous forme de crimes sans dispositions psycho-affectives32Pour plus de développement sur cette dimension, on pourra utilement se référer à l’ouvrage de Fethi Benslama (2016), Un furieux désir de sacrifice, Editions du Seuil, pp.37-63.. « Il ne s’agit bien évidemment pas d’envisager la radicalisation comme une nouvelle pathologie, écrit Thierry Lamotte. En revanche, nous pouvons l’inscrire au registre du symptôme, au sens psychanalytique, c’est-à-dire envisagé comme tentative de solution apportée par un sujet à un conflit psychique. »33Lamotte T. «  Pour un dialogue entre approches psychanalytique et sociologique de la radicalisation » in Benslama F. (dir.), Etats de la radicalisation, le genre humain, Seuil, 2019, p.79.. La plupart des femmes et des hommes qui passent à l’acte, le font aussi parce qu’ils sont en souffrance et la radicalité à connotation religieuse peut ainsi exprimer le symptôme de cette « dépression d’infériorité » qu’évoquait déjà Francis Pasche en 196334Pasche F., « De la dépression », Revue française de psychanalyse, vol.27, n°2-3, 1963.. Beaucoup de jeunes gens aux parcours chaotiques, ont connu des phases dépressives qui les ont amenés à être suivis par des psychologues ou des éducateurs et la moitié des femmes prises en charge par le centre de Dounia Bouzar avaient été abusées sexuellement. Les jeunes filles par exemple peuvent passer en quelques jours de la prostitution à la religion, de la mini-jupe au niqab. Fethi Benslama rapporte qu’un juge antiterroriste considérait qu’au moins un tiers des personnes radicalisées dont il avait instruit les dossiers présentaient des troubles psychotiques. On peut donc parler légitimement de « fragilité psychologique »35Cette fragilité concernait 40% des prisonniers approchés par Farhad Khosrokhavar (« Radicalization in prison : the french case », Politics, Religion & Ideology, vol 14, n°2, 2013).. La dimension rédemptrice de la radicalité religieuse permet ainsi de répondre au besoin de réparation lorsqu’on a honte de son parcours et que les ressources pour le réhabiliter sont hors de portée immédiate. Familles éclatées, placement, maltraitance, prostitution, misère sexuelle, échec scolaire et addictions diverses (drogues, réseaux sociaux) composent un tableau clinique préoccupant qui peut trouver dans une proposition rédemptrice comme l’engagement radical et son incarnation dans un projet humanitaire ou politique, une résolution prometteuse et définitive puisqu’elle mène presque systématiquement à la mort mais aussi au paradis. Cette souffrance que les soignants observent chez un grand nombre de sujets est une composante non négligeable du processus de radicalisation qu’il convient de croiser avec les autres dimensions sociologique, culturelle et contextuelle, dans l’objectif d’établir « des réseaux de causes et de trajectoires où la contingence joue souvent un rôle non négligeable »36Benslama F. (dir.), Etats de la radicalisation, le genre humain, Seuil, 2019, p.20..

 

Expliquer n’est pas excuser

 

Les facteurs de production des radicalités que nous venons de décrire, permettent de mieux en saisir les processus, et de mettre à disposition des pouvoirs publics et des acteurs sociaux, des matrices d’explication qui ouvrent à la fois des pistes de réflexion mais aussi des orientations pour l’action. En revanche, ces éclairages ne peuvent aucunement être mobilisés pour légitimer les actions terroristes comme on en fait parfois grief à tous ceux qui cherchent à comprendre comment se façonnent les comportements humains. En appeler à l’histoire, aux savoirs produits par les sciences sociales, pour mieux appréhender les parcours des personnes qui décident de se radicaliser, ce n’est nullement les justifier ou pire les excuser comme si être une personne vulnérable autorisait à se venger aveuglément37Manuel Valls, au prix d’un déni inquiétant pour un homme politique de cette stature, a même parlé d’une « culture de l’excuse » pour disqualifier toute entreprise de clarification sociologique.. « Il faut garder à l’esprit, rappelle Fethi Benslama, que c’est le parcours de quelqu’un qui détermine le destin de ces prédispositions »38Ouvrage déjà cité p.49., et que nul n’est assigné à devenir un criminel. Il ne faut donc pas confondre intelligibilité des processus sociaux et psychiques avec une quelconque complaisance à l’égard des radicalités. Cet argument qu’on oppose souvent aux chercheurs en sciences sociales pose la question non négligeable des fonctions critiques de la science. Accuse-t-on Albert Einstein d’avoir déréglé le climat en théorisant la relativité restreinte ? Ou bien tel expert de l’économie mondiale d’avoir produit le krach boursier de 2008 en prédisant un effondrement de la bulle immobilière ? Expliquer ne veut pas dire justifier. C’est tout l’art du chercheur qui, en même temps qu’il déconstruit les phénomènes qu’il cherche à appréhender, produit aussi les outils pour les « réparer ». « Car de ce que nous nous proposons avant tout d’étudier la réalité, il ne s’ensuit pas que nous renoncions à l’améliorer, écrivait déjà Emile Durkheim : la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine, si elle ne devait avoir qu’un intérêt spéculatif »39Durkheim E. (1967), La division du travail social, Préface à la 1ère édition, huitième édition, PUF, p.XXXVIII-XXXIX.. A la Vigie de la laïcité, nous pensons qu’il est utile de mettre à disposition du plus grand nombre possible de citoyennes et de citoyens, les connaissances nécessaires à une meilleure compréhension des phénomènes sociaux dans lesquelles se déploient leur existence, afin qu’ils trouvent eux-mêmes les outils pour s’y repérer et agir en conséquence.

 

Références bibliographiques

 

Ouvrages

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  • Benslama F. (2016), Un furieux désir de sacrifice, Editions du Seuil.
  • Benslama F. (dir.), Etats de la radicalisation, Le genre humain, Seuil, 2019.
  • Bergeaud-Blacker F. (2023), Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023.
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  • Khosrokhavar F. (2014), Radicalisations, Editions de la maison des sciences de l’homme.
  • Lagrange H. (2010), Le déni des cultures, Seuil.
  • Marx K. (1843), « Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel », Karl Marx, dans Philosophie, Karl Marx, Maximilien Rubel, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982.
  • Olievenstein Cl., (1983), La drogue ou la vie, Robert Laffont.
  • Puaud D. (2018), Le spectre de la radicalisation, Presses de l’EHESP.
  • Rougier B (dir.), Les territoires conquis de l’Islamisme, PUF, 2020.
  • Roy O. (2013), La laïcité face à l’islam, Pluriel.
  • Settoul E. (2023), Penser la radicalisation djihadiste. Acteurs, théories, mutations, PUF.
  • Verba D. (2019), Anthropologie des faits religieux dans l’intervention sociale, IES, Genève.

Articles

  • Azria R., Khosrokhavar F. (2010), « Haines ethniques et religieuses », Dictionnaire des faits religieux, PUF.
  • Borum R., “Radicalization into violent extremism II: a review of conceptual”, Journal of Strategic Security 4, n°. 4, 2011.
  • Puaud D., « ‪Le spectre du radical islamiste‪ », Journal des anthropologues, vol. 146-147, no. 3, 2016.
  • Sommier, I. (2012), « Engagement radical, désengagement et déradicalisation. Continuum et lignes de fracture », Lien social et Politiques, 68, 15-35.
  • Verba D., « Terrorisme : « le profil de Cherif Chekatt est dominant depuis longtemps », Le Monde, 18 décembre 2018.

Rapports-mémoires

  • Bouzar D., Caupenne C. Valsan S., La métamorphose opérée chez le jeune par les nouveaux discours terroristes, recherche-action sur la mutation du processus d’endoctrinement et d’embrigadement dans l’islam radical, Rapport du cabinet Bouzar Expertises, Cultes et Cultures.

Notes de bas de page

  • 1
    Les Soulèvements de la terre sont un collectif de lutte pour l’écologie.
  • 2
    Mouvement social spontané et composite à la fin de l’année 2018 qui en France a été marqué par des violences urbaines.
  • 3
    Sommier, I. (2012), « Engagement radical, désengagement et déradicalisation. Continuum et lignes de fracture », Lien social et Politiques, 68, 15-35.
  • 4
    Olivier Roy parle de « Pieds nickelés » !
  • 5
    En fait la définition provient d’un article de Randy Borum, “Radicalization into violent extremism II: a review of conceptual”, Journal of Strategic Security 4, n°. 4, 2011.
  • 6
    Pour un décryptage plus fin de ce champ de bataille, on pourra lire avec profit l’article de Leyla Dakhli, « L’islamologie est un sport de combat, de Gilles Kepel à Olivier Roy, l’univers impitoyable des experts de l’islam » paru à la Découverte, Revue du Crieur, 2016/1 N° 3.
  • 7
    On pense là au titre d’un ouvrage d’Edwy Plenel, fondateur du journal Médiapart : Pour les musulmans, La Découverte, 2016.
  • 8
    Khosrokhavar F., Radicalisations, Maison des Sciences de l’homme, 2014.
  • 9
    Impliqué dans plusieurs attentats qui ont fait 8 morts et de nombreux blessés.
  • 10
    Assassin de 7 personnes à Toulouse et Montauban dont trois militaires et quatre juifs.
  • 11
    Assassin de 6 personnes, une policière et 5 juifs.
  • 12
    Assassins de 12 personnes dans les locaux du journal satirique Charlie-Hebdo
  • 13
    « Qui sont les jihadistes français ? » Sciences humaines, Mars 2015, n°268.
  • 14
    Djihadiste normand qui a participé aux exécutions de Daech.
  • 15
    Comment sortir de l’emprise « djihadiste » ? Les éditions de l’atelier, 2015.
  • 16
    Idem, p.12
  • 17
    Bonelli L. et Carrié F., Radicalité engagée, radicalités révoltées, Enquête sur les jeunes suivis par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), Université de Paris Nanterre, Institut des sciences sociales du politique, Janvier 2018 (disponible sur le site du Ministère de la Justice).
  • 18
    Settoul E. (2023), Penser la radicalisation djihadiste. Acteurs, théories, mutations, PUF.
  • 19
    Témoignage recueilli sur Linkedin le 13 mars 2025.
  • 20
    Lire à ce propos la tribune que j’ai publiée dans le Monde du 18 décembre 2018 : « Terrorisme : le profil de Cherif Chekatt est dominant depuis longtemps » et la réponse de Hugo Micheron, Bernard Rougier Gilles Kepel dans Libération du 21 décembre 2018.
  • 21
    Voir notamment l’enquête controversée d’Olivier Galland et Anne Muxel, La tentation radicale, Paris, PUF, 2018. Cette enquête présente l’originalité et le biais méthodologique d’avoir volontairement surreprésenté les jeunes habitant en zone urbaine sensible (ZUS) et de confession musulmane (25 % alors qu’ils ne sont que 6 à 7 % dans la population globale). Les auteurs y montrent notamment que les jeunes musulmans de l’échantillon sont trois fois plus nombreux que les autres à défendre une vision absolutiste de leur religion.
  • 22
    « Le djihadisme une radicalisation adolescente », Le Monde, 14 décembre 2015.
  • 23
    Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, 2018.
  • 24
    « Dieu c’est un autre nom pour le surmoi », entretien avec Jacques André, Libération, 13 janvier 2015.
  • 25
    Beckouche P., « Une géographie sociale accablante », Libération, 28 décembre 2015.
  • 26
    Il y a en France 39 435 communes.
  • 27
    El Karoui H. et Benjamin Hodaye B. (2021), Les Militants du djihad. Portrait d’une génération, Fayard.
  • 28
    Le « martyr » est supposé racheter tous les péchés de la famille et lui ouvrir l’accès au paradis.
  • 29
    Rougier B (dir.), Les territoires conquis de l’Islamisme, PUF, 2020 et Bergeaud-Blacker F. (2023), Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023.
  • 30
    Islamisation renvoie ici à l’idée d’un « mode de vie halal ostensible » (Rachid Benzine) qui passe par le port du voile, des usages alimentaires, et un attachement à l’Islam comme culture.
  • 31
    L’Etat vient de rompre son contrat avec deux écoles privées musulmanes considérées jusque-là comme des modèles répubicains…
  • 32
    Pour plus de développement sur cette dimension, on pourra utilement se référer à l’ouvrage de Fethi Benslama (2016), Un furieux désir de sacrifice, Editions du Seuil, pp.37-63.
  • 33
    Lamotte T. «  Pour un dialogue entre approches psychanalytique et sociologique de la radicalisation » in Benslama F. (dir.), Etats de la radicalisation, le genre humain, Seuil, 2019, p.79.
  • 34
    Pasche F., « De la dépression », Revue française de psychanalyse, vol.27, n°2-3, 1963.
  • 35
    Cette fragilité concernait 40% des prisonniers approchés par Farhad Khosrokhavar (« Radicalization in prison : the french case », Politics, Religion & Ideology, vol 14, n°2, 2013).
  • 36
    Benslama F. (dir.), Etats de la radicalisation, le genre humain, Seuil, 2019, p.20.
  • 37
    Manuel Valls, au prix d’un déni inquiétant pour un homme politique de cette stature, a même parlé d’une « culture de l’excuse » pour disqualifier toute entreprise de clarification sociologique.
  • 38
    Ouvrage déjà cité p.49.
  • 39
    Durkheim E. (1967), La division du travail social, Préface à la 1ère édition, huitième édition, PUF, p.XXXVIII-XXXIX.

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