Le vendredi 25 avril, Aboubakar Cissé, 22 ans, a été sauvagement assassiné au sein de la mosquée Khadija de la Grand-Combe (Gard), de 40 à 50 coups de couteau, par Olivier H. Ce dernier a été arrêté lundi 29 avril après une fuite, grâce au concours de proches, jusqu’en Italie.
La Vigie de la laïcité, comme elle a pu le faire pour de précédents drames, présente ses plus sincères condoléances aux proches de la victime et rappelle que la laïcité garantit la liberté de culte à tous. Plusieurs représentants de la Vigie ont participé aux rassemblements organisés en hommage à Aboubakar Cissé, dans les Cévennes, à Paris ou ailleurs en France.
En raison des propos tenus par l’assassin (« Je l’ai fait, je l’ai fait. Ton Allah de merde, ton Allah de merde. ») et enregistrés par son propre téléphone alors qu’il filmait sa victime agonisante, la piste d’un acte antimusulman est privilégiée par la Justice, tandis que le parquet national antiterroriste évalue toujours la possibilité de se saisir de cette affaire.
Dans ces conditions, la Vigie de la laïcité s’étonne de la réaction particulièrement tardive du ministre de l’Intérieur, dont l’administration héberge pourtant les bureaux des cultes et de la laïcité. Qui plus est, Bruno Retailleau, qui s’est rendu à la sous-préfecture d’Alès deux jours après le drame, ne s’est pas déplacé à la Grand-Combe, à quelques kilomètres de là, où se déroulait une marche blanche en hommage à la victime et où les participants ont déploré l’absence de tout institutionnel. M. Retailleau n’a pas échangé avec la famille et ne l’a pas reçue pour lui faire part du soutien de la Nation. Le Président de la République l’a simplement fait dans un message posté sur les réseaux sociaux, dimanche dernier, et a dénoncé tardivement un acte raciste et de « haine en raison de la religion ».
De son côté, à raison, le Premier ministre a dénoncé « l’ignominie islamophobe ». Terme pourtant contesté immédiatement par un autre membre du Gouvernement, Manuel Valls, avançant pour ce faire une thèse erronée, pourtant déjà largement démentie.
La Vigie de la laïcité dénonce l’utilisation d’un débat sémantique pour refuser de condamner une violence et une haine à l’encontre des Français de confession musulmane qui sont en constante augmentation, à l’inverse de ce que laisse penser certains chiffres du ministère de l’Intérieur. Ces derniers chiffres sont largement sous-estimés, ce que reconnaît le ministre lui-même. La Vigie souhaite un travail plus étroit entre l’administration et le culte musulman pour assurer un recensement rigoureux des actes anti-musulmans à tonalité résolument islamophobe.
La Vigie de la laïcité rappelle combien les déclarations politiques nauséabondes, le relai d’idées fausses sur la laïcité parfois instrumentalisée pour multiplier les interdictions à l’encontre des seul•es Français•es de confession musulmane (cf. notre article sur la récent proposition de loi sur l’interdiction du foulard dans le sport amateur), et le traitement réservé à l’islam et aux musulmans dans certains médias peuvent inciter à des passages à l’acte.
Par ailleurs, cette obsession politique et médiatique sur l’islam (et non l’islamisme radical, qui lui suscite des inquiétudes légitimes) mine la cohésion nationale et ne peut que renforcer l’assignation à une appartenance avec, en réaction, les replis sur celles-ci.
Le drame survenu à la Grand-Combe doit susciter un sursaut national.