Les historiens Charles Mercier et Philippe Portier ont dirigé une enquête sur le rapport des 18-30 ans à la laïcité. Ils expliquent, dans un entretien au « Monde », que la jeunesse, influencée par la mondialisation, est plus ouverte à l’expression des identités religieuses, et soucieuse d’ordre et de sécurité.
Alors que les débats sur les signes religieux cristallisent l’attention médiatique en France, le rapport des jeunes à la laïcité est régulièrement questionné, en particulier depuis l’assassinat du professeur Samuel Paty, en 2020. Des études conduites ces dernières années ont montré que les jeunes générations développent une conception plus inclusive de la laïcité que leurs aînés. Dans ce contexte, deux laboratoires de recherche français ont réalisé, avec l’institut Kantar, une enquête auprès des 18-30 ans en France afin d’éprouver l’hypothèse, encore inexplorée, selon laquelle la mondialisation, à laquelle les différentes classes d’âge ne sont pas exposées de la même façon, joue un rôle déterminant dans cette fracture générationnelle.
Spécialistes des questions laïco-religieuses, les professeurs Philippe Portier (auteur, notamment, de L’Etat et les religions en France. Une sociologie historique de la laïcité, PUR, 2016) et Charles Mercier (qui a publié en 2020 L’Eglise, les jeunes et la mondialisation. Une histoire des JMJ, Bayard) ont dirigé cette étude. En avant-première, ils en livrent au Monde les résultats, qui éclairent sous un jour nouveau le rapport des jeunes Français à la laïcité dans un monde globalisé.