Au Danemark, un projet de loi visant à sanctionner les dégradations de textes religieux est soumis à l’examen parlementaire. Initié en réaction à des autodafés du Coran par des extrémistes de droite, le gouvernement danois propose des amendes et jusqu’à deux ans de prison pour quiconque brûlera ou dégradera publiquement un texte sacré. Face à la controverse, plus de 500 artistes et intellectuels danois ont signé une pétition contre le projet initial, qualifié de « rétablissement » d’un « délit de blasphème ». Toutefois, une version amendée a été présentée, restreignant l’interdiction aux seuls « textes ayant une signification religieuse ». Pour l’historienne des religions Valentine Zuber, cette mesure, bien que critiquée pour son manque de clarté, représente une tentative réfléchie de gestion de l’ordre public et des risques géopolitiques liés aux provocations religieuses.
Ce projet de loi danois suscite des débats autour de l’arbitrage entre la liberté d’expression et le respect des communautés religieuses. Certains estiment qu’il vise à contrer les offensives politiques des extrémistes de droite et à renforcer la sécurité intérieure, tandis que d’autres s’inquiètent d’une possible atteinte à la liberté d’expression. L’historienne souligne l’importance de trouver un équilibre entre ces deux libertés fondamentales, tout en reconnaissant les difficultés d’application du projet, notamment en ce qui concerne la définition des objets religieux et la nuance entre la protection du livre et de son contenu. L’article explore également la situation en France, où la préservation de la liberté d’expression coexiste avec des limites légales visant à prévenir l’incitation à la haine religieuse. Finalement, le projet de loi danois est interprété comme une tentative de gestion réfléchie des tensions entre liberté d’expression, sécurité intérieure et relations internationales dans un contexte de diversité religieuse et culturelle.