Questions/Réponses

Dans quelle mesure une commune peut-elle vendre un terrain communal à une communauté religieuse ?

Publié le 13/02/2024 par Vigie de la Laïcité
Avec Vigie de la Laïcité

Publié le 13/02/2024
Par Vigie de la Laïcité
Avec Vigie de la Laïcité

Question

J’ai assisté au Conseil municipal de ma ville. L’association locale des musulmans a construit une mosquée sur le terrain de la Ville en 2012. L’association souhaite devenir acquéreur du terrain. La Ville a fait évaluer la valeur du terrain à 3 millions 300 milles euros. La valeur de la construction de la mosquée est évaluée à 3 millions 180 milles euros. Le Conseil municipal propose donc la vente du terrain à 120 milles euros, la différence de la valeur du terrain – la valeur de la construction de la mosquée. Ce calcul m’a interloqué sachant que la loi du 9 décembre 1905 stipule que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes ». Il me semble que la vente du terrain est tout à fait possible mais sans déduire le montant de la construction de la mosquée car cela correspond à subventionner un culte. Qu’en pensez-vous ?

Réponse

La vente d’un terrain municipal à une association cultuelle ne peut se faire qu’au prix du marché (correspondant à l’évaluation faite par les domaines), sans aide publique ou libéralité. En l’espèce, si le prix du terrain ne correspond pas au prix du marché, la vente sera contraire à l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État.

En revanche, la collectivité a la possibilité légale de conclure un bail emphytéotique administratif (BEA) avec l’association cultuelle, pour permettre l’édification d’une mosquée sur ce terrain communal. Ce type de bail permet de louer un terrain pour une somme très modique pendant une longue période (jusqu’à 99 ans), moyennant quoi la collectivité territoriale devient propriétaire, en fin de bail, de l’édifice construit sur le terrain. Il peut être prévu au bail la remise des constructions moyennant l’indemnisation du preneur. La commune peut également résilier le bail avant son terme et autoriser la vente du terrain à l’association à un prix conforme au montant évalué par le service des domaines, tenant compte à la fois du prix du terrain et de la valeur de la renonciation à la propriété du bâtiment en fin de bail.

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