Les débats et polémiques entourant la proposition de loi « visant à assurer le respect du principe de laïcité dans le sport » adoptée par le Sénat le 18 février ne sont pas nouveaux. Ce genre de législation non plus. Cela fait en réalité des années que certaines fédérations sportives françaises (FFF, FFBB FFBad, FFR, FFVb) interdisent le port d’accessoires, signes, tenues ou équipements à connotation religieuse ou politique en compétition.
Les conséquences sur la santé physique et mentale des joueuses, sur leur intégration sociale, sur le sport féminin et sur le vivre-ensemble sont déplorables. Ce qui l’est encore plus, ce sont sûrement les arguments de mauvaise foi repris à tout va pour justifier ces règles. En effet, ces dernières ne reposent sur aucun élément objectif témoignant de leur nécessité ou de leur proportionnalité. La décision du Conseil d’État dans l’affaire dite des « Hijabeuses » en juin 2023 n’a pas clarifié grand-chose au niveau du sport amateur : en pratique, il semblerait qu’elle ait servi de catalyseur à des règlements liberticides.
Pire encore, les fédérations comme les législateurs et le gouvernement font semblant de ne pas connaître l’existence de rapports d’expertise français et internationaux sur le sujet. En parallèle, sur les terrains, les acteurs et actrices du sport —qui n’avaient pour la plupart jusque-là aucun problème avec les athlètes portant des couvre-chefs homologués— sont jetés en première ligne, forcés d’appliquer des règles qu’ils ne comprennent pas. Ils se retrouvent à faire du principe de laïcité et du sport, des vecteurs d’exclusion.
Le débat se cristallise donc autour de stéréotypes islamophobes, racistes et sexistes, alors qu’il faudrait remettre au centre le bon sens, l’humanité et le droit.